Depuis quelques années, la sécheresse devient malheureusement une problématique récurrente, ce qui fragilise lourdement les élevages qui ne parviennent pas à réaliser l’approvisionnement nécessaire à l’alimentation de leurs animaux.
Afin de répondre à cette problématique, la FDSEA, les JA et différents services de la Chambre d’Agriculture (économique, fourrage et filière végétale), ont travaillé en collaboration pour trouver des solutions adaptées.
3 solutions proposées
Les 3 solutions sont basées sur un partenariat entre Agriculteurs de montagne et Agriculteurs de Plaine. Un partenariat contractualisé permet de sécuriser chacune des parties.
- L’implantation de luzerne (pure ou en mélange)
- L’implantation de fourrages en dérobé (type CIPAN)
- La récolte de maïs ensilage
1. La luzerne (pure ou en mélange)
La production de légumineuses peut aussi intéresser les céréaliers, par les nombreux avantages qu’elle présente (voir « avantages » ci-dessous).
De plus, cela permet de conforter collectivement l’image d’une production locale, durable, s’inscrivant dans une économie circulaire.
Précisions préalables :
- Culture implantée pour une durée de 2 à 4 ans
- Culture friande en eau (sachant que son développement est parallèle à celui du maïs, il peut être intéressant de l’implanter sous pivot, afin de faciliter le travail du céréalier)
Contractualisation :
Pour le céréalier, l’objectif est de chiffrer le coût d’une luzerne par rapport à un maïs (ou par rapport aux autres cultures de la rotation), afin d’équilibrer la perte de marge
- 953€/ha/an par rapport à un maïs – Cliquez >>ICI<< pour voir le détail et le montant pour les autres cultures (Annexe 1)
Pour l’éleveur, en plus du coût à compenser au céréalier, il devra intégrer le coût d’exploitation de la parcelle (frais de récolte, transport…) – Cf « points de vigilance », en conclusion
Avantages :
- Permet de diversifier l’assolement – Une solution pour répondre à l’obligation de diversité d’assolement de la PAC
- Culture comptabilisable en SIE, pour répondre aux obligations du verdissement de la PAC (à condition de ne pas utiliser de produits phyto) – taux de correspondance de 1 pour 1
- Possibilité de prétendre à l’aide PAC « Légumineuses fourragères » (≈ 160€/ha) – pures ou en mélange (sauf le mélange avec graminées qui n’est pas éligible). L’aide étant rattachée au numéro pacage, une seule exploitation peut y prétendre
- Econome en intrants
- Peu, voire pas de traitements phytosanitaires – Une solution envisageable pour répondre aux Zones de Non Traitement (ZNT)
- Amélioration de la structure du sol avec sa racine pivot
- Une excellente tête de rotation
- Sa pérennité est de 4 à 5 ans, donc peu de travaux du sol
- C’est une culture nettoyante vis-à-vis des adventices avec des coupes fréquentes
2. Le fourrage en dérobé
La production de fourrages en dérobé peut intéresser les céréaliers, car elle est rendue obligatoire par différentes réglementations :
- L’implantation de CIPAN (Cultures Intermédiaires Pièges A Nitrates) est obligatoire en zone vulnérable dans le cadre de la Directive Nitrates
- La PAC oblige la mise en place de 5 % de SIE (Surfaces d’Intérêt Ecologique) dont font partie les couverts d’été
Dans la pratique, le travail est donc déjà réalisé ; il y a toutefois quelques ajustements à réaliser pour que ces cultures implantées en été puissent être valorisées par les éleveurs.
Ajustement de l’itinéraire cultural :
Pour permettre à l’éleveur de récolter un fourrage de qualité, quelques ajustements seront nécessaires :
- Implantation au semoir à céréales (et non à la volée), pour permettre un bon contact sol-grain, une répartition homogène, ainsi qu’un bon taux de levée
- Le choix de la semence, ainsi que sa densité
- Un passage de rouleaux
- Irrigation en fonction des années
Précisions préalables :
On va distinguer 2 types de dérobés :
- Une production de fourrages récoltée en automne, type Avoine / Pois / Vesce
- Une production de fourrages récoltée au printemps N+1, type Trèfle / Ray-grass
Il est donc nécessaire de s’accorder au préalable sur le type de fourrage souhaité.
Contractualisation :
Pour le céréalier, l’objectif est de chiffrer le surcout d’implantation (et éventuellement de fertilisation et irrigation), en fonction du type de couvert, de l’itinéraire cultural… – Cliquez >>ICI<< pour voir le détail des calculs (Annexe 2)
- 606€/ha pour une production de fourrages de printemps (type Ray-grass / Trèfle), attendues à 5T MS/ha, soit un coût de 121€/T MS
- 279€/ha pour une production de fourrages d’automne (type Avoine / Pois / Vesce), attendues à 2T MS/ha, soit un coût de 140€/T MS
Pour l’éleveur, en plus du coût à compenser au céréalier, il devra intégrer le coût d’exploitation de la parcelle (frais de récolte, transport…) – Cf « points de vigilance », en conclusion
Avantages :
- Son implantation est déjà rendue obligatoire par la Directive Nitrates
- Culture pouvant être comptabilisée en SIE pour répondre aux obligations liées au verdissement de la PAC, à condition que ce soit une implantation de 2 espèces minimum reconnues et de respecter les dates d’implantations (variable chaque année – pour 2021 : le couvert SIE doit être en place du 20/08 au 14/10 minimum)
- Protection et structuration du sol
- Limite le lessivage des sols
- Augmente la biodiversité dans et sur le sol
- Limite l’érosion grâce à l’enracinement maintenu des plantes
- Lutte contre les mauvaises herbes
3. Le maïs ensilage
Sans doute la solution la plus simple à mettre en place pour le céréalier.
Contractualisation :
Pour le céréalier, l’objectif est de chiffrer le coût de son maïs, en soustrayant les frais de récolte, de séchage, le broyage…
- Le cout du maïs s’estime avec le rendement potentiel en grain, et son prix. L’estimation du rendement devra être la plus juste possible, pour que chacune des parties s’y retrouve. Pour un avis neutre, vous pouvez faire appel à l’expertise de Jean-François STREHLER, Conseiller à la Chambre d’Agriculture : 06 32 24 78 06 – 03 89 08 97 60 – jean-francois.strehler@alsace.chambagri.fr
- Cliquez >>ICI<< pour voir le détail des calculs (Annexe 3)
Pour l’éleveur, il faut additionner à ce prix, le coût de la récolte, l’enrubannage et du transport. – Cf « points de vigilance », en conclusion
Avantages :
- Facilité du suivi cultural (qui est identique aux autres parcelles du céréalier)
- Moins de contraintes météorologiques pour la récolte
4. Conclusion
La sècheresse semble malheureusement devenir un élément structurel, qu’il faut prendre en compte pour garantir l’approvisionnement en fourrage de nos élevages.
Céréaliers, Eleveurs, vous avez tous à y gagner !
Points de vigilance :
- Réalisez un contrat au préalable pour sécuriser les deux parties – Accédez à l’exemple en cliquant >> ICI<< (Annexe 4)
Contractualisation : Concernant le cout d’exploitation de la parcelle (frais de récolte, transport…), la variabilité du cout est telle (matériel, prestation…) qu’il est conseillé de prendre attache avec un conseiller de Chambre d’Agriculture pour fixer un prix.
Eric GRANVEAUX – Chambre d’Agriculture, Service Economique : 03 89 20 97 77 – eric.granveaux@alsace.chambagri.fr
Jean-François STREHLER – Chambre d’Agriculture, Service Fourrage : 06 32 24 78 06 – 03 89 08 97 60 – jean-francois.strehler@alsace.chambagri.fr
A titre indicatif, en cliquant >> ICI<< vous trouverez le barème d’entraide (Annexe 5)
- Préférez des parcelles irrigables qui permettent de sécuriser la pousse
- Vérifiez la typologie du sol : un sol caillouteux peut être problématique pour la fauche (endommager le matériel…)
Mise en place de la bourse aux fourrages :
- Pour déposer une annonce (Offre ou/et Demande) >> Cliquez ICI <<
- Pour consulter les annonces (Offre ou/et Demande) >> Cliquez ICI <<
Annexes (Cliquez sur la ligne) :